Chérif Thiam, mémoire d’une figure de l’École de Dakar sur les Salons nationaux des artistes sénégalais

Entretien avec Chérif Thiam par Magali Ohouens

Dans le courant des années 1970, après le cycle des expositions d’art et d’histoire de l’Afrique des années 19601, le Musée dynamique est davantage tourné vers le deuxième volet de la politique culturelle du président Léopold Sédar Senghor avec cette idée d’ouverture aux arts internationaux. C’est aussi une décennie où l’État sénégalais décide de présenter au musée la nouvelle scène artistique sénégalaise, réunie dans le mouvement de l’École de Dakar, avec les Salons nationaux des artistes sénégalais nouvellement initiées par le président Senghor 2.

Chérif Thiam, né en décembre 1951 à Louga, au Sénégal, est l’une des figures de la première génération de l’École de Dakar. Il étudie à l’école des Arts de Dakar3 de 1969 à 1974, dans la section Recherches plastiques nègres dirigée par Pierre Lods4. Il fréquente également, à partir de la fin des années 1960, les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs (MSAD) situées à Thiès et spécialisées dans la tapisserie5. Son œuvre est principalement onirique et imprégnée de la culture spirituelle sénégalaise. L’artiste dépeint l’univers des génies, des esprits, en s’inspirant des sculptures d’art africain classique, ainsi que de la nature environnante sénégalaise – avec notamment la figure du baobab, arbre sacré, présent dans de nombreuses œuvres. Chérif Thiam a participé à tous les Salons nationaux sénégalais des années 1970 organisés par l’État au Musée dynamique, ainsi qu’à l’exposition itinérante « Art sénégalais d’aujourd’hui », commencée au Grand Palais en 1974 et qui fait le tour de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie, jusqu’en 19856.

L’entretien avec l’artiste s’est déroulé le 19 novembre 2023, dans sa résidence personnelle située à Pikine, ville en périphérie de Dakar. Chérif Thiam restitue sa mémoire sur l’institution et son expérience des Salons nationaux.

Magali Ohouens : Quelle est la dernière actualité que vous avez entendue sur le Musée dynamique de Dakar ?

Chérif Thiam : Abdou Diouf a été le premier à enterrer le Musée dynamique. Un journal avait mis en une : « Ceux qui ont tué l’œuvre de Senghor ».

MO : Vous souvenez-vous du nom de ce journal ?

CT : Je ne m’en rappelle plus, mais c’était en gros titre ! Pendant toute sa carrière, Macky Sall savait que ce musée était très important, parce qu’y ont été exposés Soulages, Manessier, Hundertwasser, Malcolm de Chazal. Tous ces grands maîtres ont exposé là-bas. Quand Senghor voulait faire un rapprochement entre la peinture sénégalaise, même africaine, avec l’Occident, c’était pour que mutuellement il y ait un échange. Mais quand Macky Sall est devenu président de la République du Sénégal7, il savait pertinemment qu’Abdou Diouf avait fermé le musée pour le transformer en une Cour suprême, alors il a promis de réouvrir le Musée dynamique [mais cela n’a pas été fait]. Depuis lors, Ibou Diouf est décédé, Souleymane Keïta est décédé, Diatta Seck est décédé8, pas mal d’artistes sont décédés. C’est une grande erreur. Et quand j’ai entendu que l’œuvre de Senghor va être perpétuée en France9, je me suis dit que cela n’a pas de signification, parce que l’œuvre qu’il avait créée, on l’a enterrée, bon sang ! Pour moi, cela ne signifie rien [si l'héritage de Senghor n'est pas valorisé dans son propre pays]. D’année en année, on a l’impression qu’ils sont en train de faire agoniser l’art sénégalais. C’est vrai que des activités se passent, il y a tous les deux ans la Biennale, mais bon, les symboles doivent rester pour qu’on puisse dire que l’art est toujours vivant au Sénégal. Le secrétaire d’État américain est venu ici et n’a pas visité la Manufacture de Thiès. Le ministre canadien qui est venu à Dakar n’a pas été à Thiès non plus. Donc, tu vois ! Il y a de grands artistes, j’ai à peu près huit ou neuf tapisseries à la Manufacture de Thiès qui sont vendables à tout moment ! Nous, nous sommes les artistes qui ont accompagné Senghor dans sa négritude.

MO : Quel est votre premier souvenir du Musée dynamique de Dakar ?

CT : C’était lors du premier Salon [de 1973]. Ce Salon qui a permis la sélection pour exposer au Grand Palais [en 1974]. J’étais très jeune, vingt-quatre, vingt-cinq ans. Je venais également de rentrer à la télévision, à la RTS, j’étais bénévole, puis je suis devenu décorateur et j’ai décroché en 201110.

MO : À la RTS, y avait-il beaucoup de reportages sur le Musée dynamique ?

CT : Oui, quand il y a un événement culturel, c’est normal. Les vernissages, tout le monde diplomatique, ils sont tous là-bas. Le directeur de la télévision, le directeur de la radio, Ibrahima Sané, Babacar Diagne, tout un staff là-bas. Mais malheureusement, ils n’y croient pas, parce que s’ils avaient cru en cela…

MO : Comment s’est passée la sélection pour participer à ce premier Salon des artistes sénégalais ?

CT : C’était Senghor et quelques-uns de ses conseillers, Gérard Bosio, Pierre Klein11, qui m’ont sélectionné. Chaque année à l’école des Arts, Pierre Lods faisait des invitations, il invitait les hommes culturels. Un jour, Pierre Klein m’a dit : « Chérif, quand tu travailles ce baobab, tu as une forte chance de faire partie des artistes qui vont exposer à Paris. » C’est comme cela que l’affaire est venue. Pierre Klein a remarqué mon travail.

MO : Vous souvenez-vous du nombre d’œuvres que vous avez exposées durant ce premier Salon ?

CT : J’ai exposé cinq ou six œuvres. Des œuvres représentant des baobabs que je n’ai plus. Chaque artiste a amené au moins quatre ou cinq œuvres. Puis après le Grand Palais, l’exposition a fait le tour du monde. Elle est allée à Vienne, à Rome, à Helsinki, etc.

MO : Quelle fut la réception de ce premier Salon ?

CT : Il y avait un grand engouement. Des panneaux publicitaires dans les avenues. On parlait de cela dans les radios et télévisions, etc. Et puis, il y avait certaines écoles, typiquement françaises, occidentales, qui venaient le visiter avec leurs professeurs. Souvent il y avait aussi des particuliers qui venaient me voir, avec des ventes automatiques. C’était une exposition-vente.

MO : Avez-vous pu partir à Paris pour l’exposition « Art sénégalais d’aujourd’hui » au Grand Palais ?

CT : Non, ils avaient sélectionné deux ou trois artistes à cause du coût. Mais quand l’exposition est allée à Vienne, j’y suis allé, j’étais commissaire de l’exposition à Vienne. Le malheur, c’est que je n’ai pas pu rencontrer Hundertwasser. Lui est venu ici à Dakar. Malcolm de Chazal aussi est venu à Dakar, on ne s’est pas vus. Mais avec Soulages, qui est décédé à l’âge de cent un ans, on a eu un entretien avec tous les artistes autour d’une table, car il voulait rencontrer les artistes.

MO : Comment s’est déroulée cette rencontre ?

CT : Ce que j’ai pu remarquer, c’est qu’il disait que le Sénégal a une atmosphère colorée. Parce que tu vois des Toucouleurs qui ont de grands boubous jaunes, d’autres qui ont des boubous verts, des couleurs criardes ! Alors qu’à Paris, tout est… Et puis ensuite, il a remarqué que la plupart des artistes ne vivaient que de leurs peintures. Il a dit qu’en France, on n’ose pas le faire, car il faut payer le téléphone, l’électricité, ainsi de suite. On a eu un entretien très enrichissant.

MO : Vous avez donc vu son exposition. Comment l’avez-vous trouvée ?

CT : Oui j’y étais, très intéressant. Moi je travaille sur du noir et blanc, lui il fait du noir et blanc… Toutes ses toiles étaient du noir et blanc. J’ai remarqué que dans son art, il y a plusieurs diversités, et ce qu’il a vécu et son environnement, c’est ce qu’il a mis sur la toile. Mais si tu amènes cela à Paris, on dira que celui-là, il a beaucoup de choses dans la tête. C’est ce que Professeur Pierre Lods me disait ! [rires] Il me disait : « il faut diminuer un peu les éléments, parce qu’on a l’impression qu’il y a beaucoup de salades dans ton poignet. » [rires] Il y a une diversité. Et puis, si ces artistes veulent nous approcher, c’est que l’Afrique a une richesse immense, vraiment très riche. Avec un tout petit élément, on peut faire beaucoup de choses. Je remercie Dieu car mes parents m’ont dit que j’avais du talent, je me suis dit qu’ils avaient raison car je plais à beaucoup de nationalités : aux Allemands… et surtout aux Français, j’ai exposé deux fois au Centre culturel français. Et puis quand l’exposition du Salon est allée aux États-Unis, Papa Ibra Tall était le commissaire, et j’ai vendu trois œuvres.

MO : Est-ce que le fait de voir les expositions d’artistes européens a influencé ou alimenté d’une certaine manière votre art ?

CT : Non, non, car sinon on m’aurait dit cela.

MO : J’aimerais revenir sur l’exposition « Art sénégalais d’aujourd’hui », dont vous avez été le commissaire à Vienne. C’était en quelle année et comment l’avez-vous organisée ?

CT : J’ai oublié l’année. C’était la même exposition qui faisait le tour du monde. J’étais auprès des Viennois pour leur expliquer comment la Manufacture de Thiès sélectionnait ses tapisseries, et puis comment elle vendait ses produits. Maintenant, quand la Manufacture a besoin de vendre, elle n’a plus besoin de faire le tour. Elle sait que Chérif Thiam est vendable, Amadou Seck est vendable, Diatta Seck, Souleymane Keïta, tous ces gens-là. Mais beaucoup de ces gens sont décédés maintenant.

MO : Étaient-ce les mêmes œuvres qui étaient exposées dans cette exposition itinérante, « Art sénégalais d’aujourd’hui », sachant qu’il était, semble-t-il, possible d’acheter les œuvres ?

CT : C’était une tournée, les œuvres qui ont été choisies faisaient le tour du monde, et elles n’ont pas changé.

MO : Avez-vous participé à tous les Salons nationaux des artistes sénégalais au Musée dynamique de Dakar ?

CT : Même au dixième Salon organisé par Macky Sall12. J’ai exposé à tous les Salons. En général, une multitude d’artistes veulent exposer. S’ils ne prennent pas les anciens artistes, comment peuvent-ils avoir un repère, les jeunes artistes ? Je pense que c’est dans cette optique-là qu’ils veulent qu’on expose avec eux.

MO : Comment se faisait le lien entre les générations d’artistes ?

CT : On devait faire ce qu’on a fait à Paris, ce qu’on appelle « tendance », les anciens et les nouveaux. Mais quand tu les mélanges tous ensemble, tu vois ce que cela fait ? C’est que de la pomme de pommier, tu n’as pas l’occasion de voir les meilleurs éléments. Une exposition a une structure, une manière de faire, une manière de propulser des jeunes.

MO : Donc pour vous, cela n’était pas cohérent de mélanger nouvelle et ancienne génération ?

CT : Non. En tout cas, on aurait dû faire l’exposition des jeunes talents, et l’exposition des anciens. Par exemple, il y a un Salon auquel j’ai participé au temps d’Abdoulaye Wade, on m’a donné le troisième prix. Tu te rends compte ? Le deuxième prix, on l’a donné à un jeune de la nouvelle génération. Quand on se rencontre, il [le jeune artiste] va me dire « père » parce que ce que j’ai sillonné dans la vie, lui ne l’a pas fait. Donc, il faut propulser les anciens avant de venir à la nouvelle génération.

MO : Comment décririez-vous les Salons ? Et vous souvenez-vous de la description qu’en faisait Léopold Sédar Senghor ?

CT : Dans les Salons, chaque artiste est à côté de sa toile. Au final, Senghor encourageait les artistes et disait qu’il avait choisi les grands artistes pour que les autres artistes puissent prendre de notre technique, se servir de notre inspiration. Cette symbiose-là, c’est ce qui l’intéresse.

MO : Y avait-il une unité entre les artistes à l’occasion des premiers Salons des artistes sénégalais ?

CT : Oui, comme je le disais, quand Soulages était venu, beaucoup d’artistes y sont allés. En dehors de cela, on avait une association13. Mais avec le temps, les gens se sont mariés, les autres sont allés habiter à Mbao [une commune de Pikine, en périphérie de Dakar], ainsi de suite. Pour moi, c’est le ministre Moustapha Aka qui avait envoyé une lettre à notre association, qui a désigné quelqu’un pour qu’il puisse partir à Vienne pour l’exposition « Art sénégalais d’aujourd’hui ». Il y avait un certain engouement entre les artistes, on se rencontrait souvent. Mais avec le temps, bon… Il n’y a que les gens du Village des Arts14 qui se rencontraient régulièrement ensemble.

MO : Au-delà des Salons, fréquentiez-vous régulièrement le musée ? Avez-vous vu chaque exposition ?

CT : Oui, comme je travaillais à la télévision et que je n’avais pas assez de temps, souvent, quand j’allais là-bas, je rencontrais des artistes, des gens que je n’avais pas vus depuis longtemps. C’était un lieu de rencontres.

MO : Quelle exposition vous a le plus marqué au musée ?

CT : Ce sont les Salons, je m’intéresse beaucoup à cela.

MO : Un dernier mot sur le Musée dynamique. Comment décririez-vous votre lien avec l’institution ?

CT : Le but du Musée dynamique est de reconnaître tous les artistes qui ont du talent. Tu sais, quand il s’agissait de faire des expositions, on avait un bâtiment conventionné, qui était à Colobane, certains venaient voir ce qu’ils pouvaient emporter pour une exposition15. Et nous étions nombreux, il y avait Souleymane Keïta, Amadou Seck, tout un tas d’artistes.

En tout cas, vous faites un travail intéressant, car le Musée dynamique ne doit pas être enterré comme cela. Parce que quand j’avais demandé à Papa Ibra Tall : « Est-ce que dans les expositions à l’étranger vous parvenez à vendre ? » Il m’a dit : « Ce que nous vendons, l’État ne te le dira pas ! » [rires] Je crois que Macky Sall ne connaît pas cela, il ignore notre apport à la société, parce que les Manufactures appartiennent à l’État, au ministère de la Culture, on fait rentrer de l’argent. En tout cas, je suis assez âgé, j’ai soixante-douze ans, je suis né en 1951, et j’aurais besoin du grand prix du chef de l’État, c’est ce dont je rêve en ce moment. Ah oui ! Les artistes qui ont planté, qui ont semé le premier maillon de l’art sénégalais, normalement… Et puis, nous ne sommes plus nombreux à l’heure actuelle, beaucoup d’entre nous ont disparu.


  1. Voir au sein de ce numéro l’article de Magali Ohouens. 

  2. Voir au sein de ce numéro l’article de Maureen Murphy.  

  3. L’école des Arts de Dakar, inaugurée en 1960, fait partie des institutions culturelles initiées par Senghor avec le Théâtre national Daniel Sorano en 1965, les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès en 1965 et le Musée dynamique en 1966. 

  4. Pierre Lods (1921-1988) est un peintre français, fondateur de l’école de peinture de Poto-Poto créée en République du Congo, à Brazzaville, en 1951. Au sein de cette école, il apprend à ses élèves à peindre d’une manière « africaine ». Il est appelé au Sénégal par Léopold Sédar Senghor pour diriger avec Papa Ibra Tall (1935-2015) la section Recherches plastiques nègres au sein de l’école des Arts de Dakar. Au sein de cette section, les deux artistes professeurs apprennent à leurs élèves à peindre avec un certain instinct « africain », en éloignement de l’académisme européen. Papa Ibra Tall dirige la section de 1960 à 1965, tandis que Pierre Lods la dirige de 1960 à sa mort en 1988. Voir notamment Aline Pighin, « Poto-Poto, 1946-1960s. Frictions narratives, assignations esthétiques », dans Gradhiva, n° 34, 2022, http://journals.openedition.org/gradhiva/6543

  5. Les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs (MSAD) ont été créées en 1966 par Léopold Sédar Senghor. Papa Ibra Tall en est le directeur et poursuit le développement du mouvement de l’École de Dakar par le médium de la tapisserie. Les Manufactures bénéficient d’un financement étatique, qui permet notamment le placement des œuvres créées dans les espaces publics du pays, ainsi que la vente auprès d’autres États. 

  6. Ousmane Sow Huchard, La culture, ses objets-témoins et l'action muséologique : sémiotique et témoignage d'un objet-témoin, Dakar, Nègre International, 2010, p. 366-367. 

  7. Macky Sall a été le président du Sénégal de 2012 à 2024. 

  8. Ibou Diouf (1943-2017), Souleymane Keïta (1947-2014) et Diatta Seck (1953-2015) sont des artistes issus de la première génération de l’École de Dakar.  

  9. Chérif Thiam fait référence à l'exposition du musée du quai Branly à Paris « Senghor et les arts. Réinventer l’universel », tenue de février à novembre 2023. 

  10. La Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) est la première chaîne nationale du pays créée dans le courant des années 1960. Chérif Thiam travaille à la RTS en tant que scénographe de 1981 à 2011. 

  11. Gérard Bosio et Pierre Klein ont été les conseillers culturels du président Léopold Sédar Senghor. 

  12. Le dixième Salon national des arts visuels s’est déroulé en novembre 2019. 

  13. L’ARPLASEN (Association des artistes plasticiens du Sénégal) est créée en 1975 avec comme président Papa Ibra Tall (1935-2015) puis Amadou Seck (né en 1950). L’association est ensuite reprise par une nouvelle génération d’artistes et devient en 1985 l’ANAPS, Association nationale des artistes plasticiens Sénégalais. L’artiste El Hadji Sy (né en 1954) en est le premier président. 

  14. En 1977 et dans les années qui suivent, l’artiste El Hadji Sy et plusieurs dizaines d’autres artistes occupent l’ancien campement militaire abandonné de Lat Dior à Dakar, où ils créent des dizaines d’ateliers, studios et logements. L’ensemble est appelé Village des Arts. Ce village est à contre-courant de la Cité des Arts de Colobane, subventionnée par l’État, et regroupe toute une génération d’artistes qui s’éloigne de la première génération de l’École de Dakar. Le Village des Arts est détruit en 1983 sur ordre du président Abdou Diouf. 

  15. Chérif Thiam explique que les commissaires d’exposition avaient l’habitude de se rendre dans le quartier de Colobane où les artistes sénégalais étaient logés par l’État, afin de voir leurs œuvres en vue d’expositions futures.