Sur les traces des photographies de l’IFAN

Sokhna Fall

Créé par l’arrêté n° 1945/E du 19 août 1936, l’Institut Français d’Afrique noire, rattaché à l’université de Dakar en 1959, devient en 1966 Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN). C’est un institut de recherche en sciences humaines, sociales et naturelles. Sa mission originelle était « l’étude scientifique de l’Afrique noire en général et de l’AOF en particulier, du pays, de ses habitants, de son histoire, de son évolution, de ses ressources, de ses productions[1]». Avec un statut fédéral, il avait des centres locaux dans les différents territoires : Saint Louis pour le Sénégal et la Mauritanie, Abidjan pour la Côte d’Ivoire, Bamako pour le Soudan, Porto-Novo pour le Dahomey, Niamey pour le Niger, Ouagadougou pour la Haute Volta, Conakry pour la Guinée ainsi que des centres associés (Douala et Lomé[2]) et des bases (Atar, Diafarabé, Mont Nimba).

En 1986, suite au décès du Professeur Cheikh Anta Diop, l’institut est baptisé Institut fondamental d’Afrique noire Cheikh Anta Diop (IFAN-Ch. A. Diop), en hommage à celui qui y a consacré toute sa carrière scientifique. Par ailleurs, l’IFAN-Ch. A. Diop est un établissement public autonome au sein de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, régi par la Loi n° 73-16 du 3 avril 1973.

Fig. 1 – C 63 252 : Université : Ifan ; crédit photo: Ndiawar, Dakar, 1963 ©ifan sav

Dans le cadre de la mission qui lui est assignée, il est chargé entre autres :

– d’effectuer, de susciter et de promouvoir des travaux scientifiques se rapportant à l’Afrique noire en général et à l’Afrique de l’Ouest en particulier ;

– d’assurer la publication et la diffusion des études et des travaux d’ordre scientifique se rapportant à sa mission ;

– de réunir dans ses musées, ses archives et sa bibliothèque les collections scientifiques et la documentation nécessaires à la connaissance et à l’étude des questions intéressant l’Afrique noire[3]

Dans cette optique, la collecte et la gestion de diverses collections y comprises celles photographiques sont soutenues. Le patrimoine photographique accumulé à l’IFAN Ch. A. Diop depuis la période coloniale constitue un témoin pour l’histoire de l’Afrique en général, et de l’Afrique de l’Ouest en particulier. Ainsi, cette contribution retrace l’historique de ces collections, étudie leur nature, les thématiques abordées, les zones géographiques couvertes et les auteurs.

Constitution des collections

Bien qu’elles couvrent les périodes coloniale et postcoloniale, la majeure partie du patrimoine photographique date de la présence française. Les premières photographies précédent la création de l’institut et remontent à la collection du Comité d’Etudes historiques et scientifiques de l’Afrique Occidentale Française (CEHS/AOF), mise en place vers les années 1920. Ce comité, créé en 1916, avait pour objectif de coordonner les recherches entreprises sous le patronage du Gouverneur général Glozel et d’en centraliser les résultats.

Le Comité était constitué par des membres résidents et des correspondants. Les premiers étaient ceux que leurs fonctions ordinaires retenaient à Dakar. Ils formaient une commission permanente, « chargée d’étudier toutes les questions relatives à l’organisation du Comité et d’assurer le Service des publications »[4]. Le second groupe était non seulement constitué par des représentants de la fédération, mais aussi par des membres hors des colonies. Ils étaient désignés par le Gouverneur général sur proposition de la Commission permanente.

Mais l’année 1942 est un tournant dans l’histoire de l’Institut avec notamment le développement d’activités audiovisuelles suite à la création de la Section Ciné-Son, dirigée par Pierre Potentier[5]. En 1950, l’arrêté n°4848/IFAN du 31 août 1950 crée une photothèque, prenant ainsi le relais de la section Ciné-Son. Au bout de trois années, elle fut rattachée à la Section documentation de la bibliothèque fédérale placée sous la direction de Madame Fontvieille, le conservateur d’alors. Le personnel de la photothèque ne se limitait pas à gérer des collections, « …mais également participer à la production de photographies[6]». La photothèque devient en 1965 une section de la bibliothèque. En 1979, la section audiovisuelle est rétablie avec les sous-sections Ciné-son, Photo, Micro-reproduction et Photo-litho-Offset par un projet réorganisant le labo-photo.

En 1984, la section audiovisuelle est devenue Service audiovisuel rattaché au Département de l’Information scientifique de l’IFAN.  La mission principale de ce service est de contribuer à la collecte, à la production audiovisuelle de l’Institut ainsi qu’au traitement, à la diffusion et à la conservation des documents iconographiques, sonores et audiovisuels. Étant donné que le Service audiovisuel est le principal dépositaire des patrimoines documentaires iconographiques, sonore et audiovisuel de l’Institut, il conserve en son sein une importante collection photographique héritée de la période coloniale. Ces photographies, comme le dit Anne-Marie Moulis « sont désormais devenues patrimoine, mémoire et identité d’une civilisation, témoins et traces d’une culture et d’une science[7] ». Les photographies prises par le personnel de l’IFAN, des chercheurs et particuliers ainsi que celles reçues de certains organismes gouvernementaux ont permis l’accroissement de cette collection. L’article 1 de l’arrêté n°007/U IFAN du 5 janvier 1962 réglementant la photothèque de l’IFAN le précise ainsi « la photothèque de l’IFAN est constituée par des clichés provenant : 

  1. du service photographique et du personnel  de l’IFAN, des membres de l’Ecole Française d’Afrique  et des chargés de missions 
  2.  des correspondants de l’IFAN
  3.  des donations ou dépôt de particuliers »[8].

La constitution des photographies de l’IFAN résulte d’une intense activité de recherche, notamment au cours de missions. Elle résulte également du dévouement de son directeur, Théodore Monod, qui, dès sa prise de fonction en tant que Secrétaire général de l’IFAN, en juillet 1938, avait tracé les axes du programme, visant entre autres à :

  • procéder à l’inventaire général de l’AOF ;
  • faire de l’IFAN un centre fédéral de recherche et de documentation avec de grands départements spécialisés ;
  • et accroître les moyens pour réussir les missions.

En 1965, lorsque Théodore Monod quitta Dakar, il laissa aux chercheurs un important établissement, l’Institut fondamental d’Afrique noire, qui compte dans le monde de la recherche. C’est le résultat de son investissement au service de l’institution. Les nombreux voyages qu’il effectua dans le Sahara entre 1953 et 1964, dans des conditions souvent difficiles, et l’effet d’entraînement qu’il a eu sur de nombreux chercheurs ont permis de réunir une précieuse collection. Ces collections rassemblées avaient toujours une valeur documentaire, comme le mentionne Khady Kane Touré : « Aussi de nombreux chercheurs et techniciens effectuaient des missions de collecte de photographies, mais avec l’instruction que : « quelle que soit leur valeur artistiqueʺ, elles « puissent présenter un intérêt documentaire certainʺ »[9]

Les centres locaux ou centrifans aussi ont participé à la constitution des collections, bien vrai que l’IFAN fédéral leur envoyait spécifiquement des clichés pour alimenter leurs fonds respectifs. Comme le mentionne Anaïs Mauuarin, « Ces centres étaient chacun dédiés à un territoire et, dans une perspective d’inventaire monographique, devaient représenter des “condensés de la colonie’’. […], nombre d’entre eux ont également constitué des ensembles de photographies et mis en place un laboratoire argentique[10] ».

Par ailleurs, les missions ont été de véritables occasions de collecte de photographies.  Elles étaient parfois organisées sur instruction du gouvernement général de l’AOF, l’Institut étant sous la tutelle de l’administration coloniale. Comme le souligne Anaïs Mauuarin :

« L’Institut est en effet administrativement et financièrement placé sous la tutelle de l’administration coloniale ; c’est elle qui rétribue le personnel, fournit le matériel, etc. Or, en retour, elle sollicite régulièrement son service photographique. »[11]

Les photographies prises lors des missions faisaient l’objet de tirages au retour. Deux épreuves étaient tirées de chaque négatif et rangées à la Bibliothèque sous deux types de classement : géographique et thématique[12]. Les photographies étaient inventoriées dans des registres, permettant ainsi de connaître le nombre de photos prises pour chaque période.

Tableau n° 1 : récapitulatif des photos inventoriées de 1942 à 1980

Année d’enregistrementNombre de clichés inventoriés
19422751
19432259
1944311
1945420
19461576
19472713
19483215
19492550
19503328
19513479
19523111
19532183
19543007
19552760
19561004
19571163
19582100
19591190
19601252
1961937
19621506
1963400
19641564
1965783
1966423
1967104
196889
196947
197052
197102
197212
198036
Total46 327

Source : registres d’inventaire de la photothèque de l’IFAN 1942 à 1948 ; 1949 à 1958 et 1958 à 1980.

Ce tableau montre l’évolution des clichés de l’IFAN par année à partir de 1942 jusqu’à 1980. Nous notons pour les périodes 1942-1948, 13 245 clichés ; 1949-1958, 24685 clichés et 1959-1980, 8397.

On retrouve en outre l’année 1961 dans un autre registre avec les thématiques suivantes :

– Botanique et paysages : 188 photos

– Divers botanique : 104 photos

– Dahomey-Sénégal : 100 photos

– Oiseaux-Reptiles : 83 photos

– Papillons : 94 photos

Total : 569 en plus de celles comptées sur le registre de la période 1959-1980

On apprend qu’il s’agit du registre du laboratoire de botanique mentionné dans l’état des lieux du service audiovisuel de 2005 : « Un registre spécial de botanique recense 246 clichés et en 1961 – 1962 réalisés par Michel CONDAMIN, J. C. ADAM et P. POTENTIER [13]».

La lecture du tableau permet de constater que, durant la période 1942 à 1943, la photothèque est bien approvisionnée. Pour la période allant de 1944 à 1945, la collecte a connu un ralentissement du fait de la Seconde Guerre mondiale qui a gelé en partie les activités de l’IFAN. Les plus belles performances de la photothèque sont notées durant la période de 1946 à 1952. Cette période correspondait, d’après Khady Kane Touré, à un développement sans précédent du fonds, lié à l’extension de l’IFAN, au renforcement des équipes de Dakar et des Centrifans et à une croissance de l’Institut. Aussi, l’obligation de versement de clichés pour les chercheurs et autres particuliers bénéficiant du soutien matériel de l’IFAN a permis l’accroissement des collections. Le règlement de la photothèque, en son article 7, obligeait le personnel de l’IFAN bénéficiant de son soutien à verser obligatoirement les photographies : « Les photos prises par le personnel de l’IFAN ou les membres de l’Ecole Française d’Afrique, les chargés de Mission, sur des plaques ou pellicules fournies par l’IFAN, doivent obligatoirement être incorporées à la photothèque, sous l’un des deux régimes prévus par l’article 6 »[14]. De 1953 à 1959, la collecte n’était pas mauvaise avec notamment le développement des centres locaux dans les territoires de l’AOF (Saint-Louis, Abidjan, Conakry, Bamako, Niamey, Porto Novo, Ouagadougou, Douala, Lomé, la Réserve naturelle du Mont Nimba, le Parc biologique de Bamako, le Laboratoire de recherches sahariennes à Atar, le musée historique et celui de la Mer à Gorée). En 1960, l’approvisionnement de la photothèque est au ralenti suite à l’intégration de l’IFAN à l’Université de Dakar en 1959 et l’accession des anciennes colonies à l’indépendance qui par la suite ont gardé leurs centres locaux autonomes. Comme le soulignent Bocoum et Becker : « En effet, avec la Loi-cadre de 1956, le Gouvernement général de l’AOF était condamné, et avec lui les organismes fédéraux, ce qui était le cas de l’IFAN. La solution fut de maintenir l’IFAN fédéral sous le giron français en le rattachant à l’Université de Dakar par décret, en 1959, ce qui lui permettait de bénéficier des subventions françaises. Tous les autres centres locaux furent rattachés aux nouveaux États dès 1957 [15]». Gora Dia aussi souligne l’irrégularité du renouvellement des patrimoines de l’IFAN due à des problèmes d’ordre financier : « pour des raisons budgétaires, les acquisitions ont connu une chute vertigineuse à partir de 1967, ce mouvement est accentué en 1973 avec une crise économique sans précédent qui a entraînés de sévères restrictions sur les budgets des institutions sénégalaises[16] ».

De 1960 à 1964, l’approvisionnement a connu des variations, il est tantôt peu consistant sur une année, tantôt faible l’année d’après. De 1965 à 1980, c’est le déclin total. Le fonds a connu un décroissement progressif. L’année 1980 marque l’arrêt définitif de l’enregistrement des clichés qui n’était d’ailleurs plus régulier. « Plusieurs raisons expliquent le déclin de la Photothèque, parmi lesquelles : le manque de personnel qualifié pour le traitement documentaire qui accusait déjà des années de retard dénoncés dans les Rapports annuels de 1963-64, 1965-66 “un retard de 8 ans de classement de la Photothèque’’ 1969-70, 1977-78, 1995, 1997 »[17]. La rupture de la mission de collecte d’images et celle d’appui aux chercheurs en mission aggravent la situation. Par ailleurs, pannes et obsolescence de la plupart des équipements et exiguïté des locaux sont venus s’ajouter aux difficultés de fonctionnement.

A ce jour, certains chercheurs effectuent des versements au Service audiovisuel, au retour de missions, mais ce n’est plus une obligation, vu qu’il n’y a presque plus de soutien matériel venant de l’IFAN. Le Service audiovisuel continue également d’effectuer de courtes  missions pour alimenter continuellement la photothèque et collabore avec certaines institutions et des particuliers pour d’éventuels versements de photographies se rapportant aux thématiques de ses collections.

Nature des collections photographiques de l’IFAN

Le fonds photographique est constitué des archives du fonds ancien, d’albums, de cartes postales, d’une importante collection de diapositives ainsi que d’un nouveau fonds (numérique) rassemblant des reportages sur diverses thématiques. Les archives photographiques de l’IFAN Ch. A. Diop sont composées de 60 000 positifs et 60 000 négatifs de formats divers dont 5 000 plaques de verre. Les négatifs sont présentés sous divers formats : 13x18cm, 9x12cm, 6x9cm, 6x6cm et 24x36mm.

Fig.2 – Gustave Labitte, « Tirailleurs retour de France », positif

Les 60 000 positifs en noir et blanc sont légendés avec le nom de leurs auteurs, l’année d’enregistrement, le sujet, les lieux de prise de vue et la cote. Ces légendes ont permis leur classement dans des fichiers matières et géographique. Les formats sont identifiés par les lettres A, B, C, D et E. Il arrive parfois que l’on tombe sur une photo où il est mentionné SN à la place de ces lettres, il s’agit des positifs qui n’ont pas de négatifs à la photothèque.

Tableau n° 2 : Les différents formats de photos

IdentifiantDimension
A13x18cm
B9x12cm
C6x9cm
D6x6cm
E24x36cm – 4x 6⅟2                           

Source : registre d’inventaire de 1949-1958

Pour la cotation analogique, trois éléments sont pris en compte : le format, l’année d’enregistrement et le numéro d’inventaire. Exemple : B 45 972 (la lettre B représente le format 9x13cm, 45 représente indique l’année 1945 et 972 représente le numéro d’inventaire).

Fonds ancien

Tableau n° 3 : Répartition du fonds anciens

Type de supportNombre
Positifs60 000
Négatifs60 000
Cahiers et albums anciens10
Cartes postales860
Diapositives9000 
Albums10

Les albums sont constitués d’une sélection de photographies extraites des collections ou produites à partir de reportages thématiques. Les périodes couvertes vont de 1940 à 1962.

Fig. 3 source: Id Fig.2
Fig 4 – source: Id Fig.2

Les cartes postales, représentant 165 sujets photographiés à travers 26 localités d’Afrique occidentale française, sont réparties dans quatre fonds : fonds IFAN, fonds Najim, fonds Suzanne Toubon et fonds Vincent.

Fig.5 – source: Id Fig.2

– Fonds nouveau

Sa constitution a démarré à partir de l’année 2010. Ce fonds est composé de photographies numériques versées par des chercheurs de l’FAN Ch. A. Diop et des particuliers et de reportages du personnel du Service audiovisuel. A ce jour, il compte 18 485 photographies. Ces photographies sont regroupées dans des dossiers classés par auteur.

Thématiques abordées par ces photographies

Le classement reflète plus ou moins les domaines de recherche de l’IFAN pendant les premières années de sa création. De manière générale, les domaines couverts par la photothèque sont :      Anthropologie culturelle et physique, Agriculture, Alimentation, Art (danse, musique, objets), Biologie animale et marine, Botanique, Documentation, Élevage, Ethnologie, Enseignement, Foires-expositions, Géographie, Géologie, Urbanisme, Histoire, Industrie et Techniques, Jeux et Sports, Linguistique, Médecine, Mode, Musique, Paysages, Pêche, Personnages historiques, Portraits, Recherche scientifique, Religions, Sociologie, Transports, Voyages officiels, Zoologie.

Pour les albums, les sujets photographiés portent sur les thèmes suivants : Enseignement, Manifestation, Sport, Médecine, Consommation (foires), Géographie, Art et Élevage. Les cartes postales anciennes, quant à elles, fixent les images de thèmes variés : Art, Sport, Armée, Transport, Portrait, Édifices publics et paysages.

Pour les diapositives, les vues portent sur les domaines suivants : Agriculture (instruments agraires), Alimentation, Botanique, Castes, Coiffure, Filature, Géologie, Habitation, Interrogatoire du mort[18], Parure, Paysage, Poterie, Récolte, Rites et sacrifices, Thérapeutique magique, Transport, Vannerie, Vêtement et Zoologie.

Zones géographiques couvertes

La photothèque de l’IFAN reflète les anciennes subdivisions administratives des différents territoires représentés dans ses collections. Compte tenu des nombreux découpages administratifs intervenus après les indépendances, la même architecture est conservée au niveau du classement. Cette architecture fait ressortir les différents territoires, les cercles et les villages de l’AOF. Il convient de signaler que ce fonds photographique recouvre l’ensemble des pays issus de l’Afrique occidentale française (AOF) et même ceux de l’Afrique équatoriale française (AEF) et quelques territoires étrangers.

Plus de cinquante territoires y sont représentés dont les huit territoires de l’AOF (Sénégal, Mauritanie, Soudan français actuel Mali, Haute-Volta actuel Burkina Faso, Guinée française, Niger, Côte-d’Ivoire et Dahomey actuel Bénin), des pays étrangers (Érythrée), Fernando Po actuelle Guinée Equatoriale, Gambie, Ghana, Guinée Portugaise actuelle Guinée Bissau, Kenya, Libéria, Libye, Maroc espagnol, Sahara, Rhodésie, Sierra Léone, Soudan anglo-égyptien, Tanganyika, Togo anglais, Uganda, Libéria et Colombie), des colonies étrangères (Afrique du Sud, Angola, Canaries, Cap-Vert, Congo Belge actuelle République démocratique du Congo, Cyrénaïque, Egypte et Turquie), six « Etats d’expression française » (Algérie, Cameroun, Congo, Côte française des Somalis actuel Djibouti, Gabon et le Maroc), trois      territoires français (Oubangui Chari, actuel République centrafricaine, Tchad et la Tunisie) et quelques colonies françaises autres qu’AOF.


Carte de représentation des territoires,  Source : communication présentée par Khady Kane Touré.- Politique d’acquisition des savoirs : l’expérience des patrimoines documentaires de l’IFAN Cheikh Anta Diop, un modèle d’intégration africaine, pp. 41-51. In : « Les bibliothèques nationales en Afrique subsaharienne au XXIème siècle ». Colloque international, 05-06-07 mai 2003 à Dakar (Sénégal)

Les auteurs de ces photographies ou les photographes

Les photographies de l’IFAN ont été prises dans la plupart des cas par des chercheurs de l’Institut, des photographes professionnels ou des techniciens composés majoritairement d’hommes. Parmi les chercheurs, il y avait les boursiers de l’École française d’Afrique comme Pierre Verger avec presque plus de 2000 négatifs. Verger a beaucoup participé à la gestion des photographies, comme le mentionne Marie-Albane de Suremain :

« l’IFAN a par ailleurs bénéficié de la présence du photographe Pierre Verger. Celui-ci devait se rendre au Brésil pendant la seconde Guerre mondiale et fut contraint de rester à Dakar en raison de l’interruption des communications. Il put ainsi mettre en place un laboratoire photographique qui permettait notamment de développer les pellicules envoyées par les chercheurs lors de leurs missions, comme les époux Paulme-Schaeffner en Guinée en 1946 »[19]

Il y avait aussi des correspondants qui ont aidé à la prospection de l’A.O.F lorsqu’en 1948 les équipes de professionnels ont été réduites suite à la guerre mondiale. De nombreuses photographies ont par ailleurs été prises par l’aviation militaire, avec les autorités militaires ayant appuyé les missions dans les régions sahariennes.

Parmi les auteurs, il y avait presque toutes les spécialités de l’IFAN. On y retrouvait des ethnologues, des archéologues, des zoologues, des biologistes, des linguistes, des documentalistes…

Tableau n° 4 : Liste des photographes suivant les registres de la photothèque de la période 1942 à 1980

AuteursPériode d’enregistrement
 1Adam1958-1959 ; 1961-1962 ; 1964-1965
 2Adandé1951- 1955
 3Albaret1951
 4André Lefort1953
 5Arch, Dakar1961
 6Archin, Louis1967
 7Artis-Photo1960
 8Aviation militaire1952
 9Bacquie1962
 10Barjou1948
 11Béart1952-1953
 12Bel, A.1967
 13Bellargé1951
 14Benoist1950
 15Berland1949
 16Berrit1951
 17Bertho, R.P1946 ; 1950-1952
 18Bessac1962
 19Biberson1964
 20Bigot1953-1954
 21Boisboissel, Gel de1956
 22Bonffil1961
 23Bracher1962
 24Brasseur1949-1950 ; 1958 ; 1964-1965 ; 1967
 25Brassiers1949
 26Cadenat1947-1952 ; 1954-1956 ; 1958
 27Cantrelle1956
 28Chailley1954
 29Chambon1943
 30Charbonnier, J.1943
 31Chérif, Diamé1951 ; 1955 ; 1957-1964
 32Chopard1949
 33Cissé, Ndiawar1949 ; 1951 ; 1953 ; 1955 ; 1957-1958 ; 1963-1965 ; 1967-1968 ; 1980
 34Cissé, Youssoufa1960
 35Cissokho1969
 36Clos Arceduc1954
 37Cocheteux, André1948-1955
 38Colonel Fouré1954
 39Condamin1951-1953 ; 1955-1956 ; 1959- 1965
 40Cotteret1952
 41Curtin1962
 42Da Cruz1951
 43De Lestrange, Monique1947 ; 1949
 44Dekeyser1946 ; 1951-1952
 45Delais1949-1950 ; 1952 ; 1955
 46Deschamps, Cyr1967
 47Diakhaté, B1959-1960 ; 1962-1965 ; 1967 ; 1972 ; 1980
 48Dieterlen, G1957
 49Dr Massé1955-1956
 50Doucouré1951
 51Duchemin G. J.1942- 1944 ; 1954
 52Duchemin (Mme)1942 ; 1944-1945
 53Dupire, Marguerite1952-1953
 54Eckardt1957
 55Fonvieille1968
 56Froelich1949-1950
 57Général Madre1967
 58Gentil1943
 59Guitat, Raymond1946- 1959 ; 1962 ; 1964
 60Hallé, N.1953
 61Hiernaux1950 ; 1952-1953 ; 1955 ; 1962
 62Holas, B.1950 ; 1952-1953 ; 1956
 63Houis1951 ; 1953-1956 ; 1959
 64Jeanne1944
 65Jaeger1953
 66Jouanny, B       1954
 67Kamara1951
 68Kikoine1951
 69Labitte, George1942-1951 ; 1956
 70Lafon, S.1946
 71Lamotte1952
 72Le Gasquet1953
 73Le Long, R. P1950
 74Leclerc1952
 75Lieutenant Lidon1951-1952
 76Lieutenant Mareschal1953
 77Lieutenant Quiniou1952
 78Mauny, Raymond1947-1962 ; 1966
 79Mercier1947
 80Mockers1949
 81Mollard Richard1947-1948
 82Monod, Théodore1942-1943; 1946; 1949; 1951-1952; 1955-1956 ; 1965
 83Mounaie1967
 84Mouret1951
 85Naegelé1955 ; 1959
 86Ndiaye, M1968 ; 1970-1972 ; 1980
 87Paraiso1958-1959
 88Pario1952
 89Pélissier1950-1953
 90Pelisson1947 ; 1951
 91Perroche1952
 92Pitot1951
 93Poncet1966
 94Potentier1949-1952 ; 1954 ; 1957-1958 ; 1960-1961
 95Prof Gabus1952
 96Prost, A. P1949
 97Rault1947
 98Renault1954
 99Robin, M J1943
 100Rouch, Jean1948-1949 ; 1951-1952
101 Rouget1952-1953
102 Roy1959-1961 ; 1964-1965
103 Sautter1950
104 Sauvageot  (Mme)1953 ; 1958
105 Savonnet1952 ; 1954
106 Schär1952 ; 1954
107 Schnell1943 ; 1949-1950 ; 1954
108 Serra, S.1966
109 Sornin1947
110 Thiam, Bodiel1964
111 Thioune, Alioune1951
112 Thomassey1949-1950 ; 1952
113 Toupet, Ch.1954-1955 ; 1957 ; 1959- 1962 ; 1964-1965 ; 1967
114 Tournier1944
115 Valladon1960
116 Verger, Pierre1950 ; 1954 ; 1957-1958
117 Vieillard, G.1943 ; 1947
 118Villiers1946-1952 ; 1954
119Vuillemin Melle1951
 120Wane, Y1964 ; 1980
 121Weber1955
 122Yénou, A. D.1954
 123Zidouemba1972

 Source : registres d’inventaire de la photothèque de l’IFAN 1942 à 1948 ; 1949 à 1958 et 1958 à 1980.

Les plus anciens parmi ces auteurs sont Monsieur et Madame Duchemin, Gustave Labitte et Théodore Monod. Labitte est l’auteur de la majorité des photographies du fonds, ce qui peut être expliqué par le fait qu’il était photographe professionnel en charge de la Section photo de l’IFAN et travaillait en même temps pour le Gouvernement général. D’où la mention « photographe du Gouvernement général » à côté de son nom dans le registre 1942-1948. Cocheteux occupe également une place non négligeable. Il est l’auteur de nombreuses photographies et a aussi travaillé pour le compte du Gouvernement général, notamment lors de missions relevant de ce dernier. Comme le mentionne Anaïs Mauuarin :

« Une petite équipe prend en charge un laboratoire photographique, et le chef de la section, André Cocheteux, part régulièrement en mission produire des séries d’images, que ce soit en accompagnant des chercheurs sur leur terrain, ou pour répondre expressément à des demandes du Gouvernement général de l’AOF. » [20]

Toutefois, malgré la volumétrie de ces derniers, il y a des photographes africains comme  Ndiawar Cissé qui a une production non négligeable pendant la période coloniale et postcoloniale. 

Conclusion

Comme l’exprimait Théodore Monod dans l’introduction de son dernier rapport annuel, celui de 1963-1964, qu’il présentait en tant que Directeur de l’IFAN : « Les œuvres humaines sont faites d’un mélange de réussites et d’échecs, […] au stade qu’il a désormais atteint, l’IFAN est donc devenu, je puis le dire sans fausse modestie, un incomparable instrument de documentation et de recherche ». L’Institut français d’Afrique noire a légué à l’Institut fondamental d’Afrique noire une importante documentation photographique accumulée depuis la période coloniale. Témoins de l’histoire des peuples et des pays, ces photographies représentent un potentiel énorme en matière de recherche et de documentation. Elles sont utilisées pour illustrer des travaux scientifiques notamment des thèses et mémoires, pour monter des expositions, pour illustrer des films documentaires, des ouvrages didactiques…

Par sa diversité thématique, l’étendue du champ géographique et la période historique couverte, elles constituent une source de références incontournable pour une connaissance approfondie de l’Afrique dans ses différentes facettes. Cette collection est non seulement un joyau pour l’IFAN mais au-delà est un patrimoine documentaire commun à toute l’Afrique qui mérite d’être davantage connu et conservé jalousement. D’où la nécessité de sa vulgarisation et sa préservation pour la postérité.

Notes