La décision du gouvernement français de fermer les frontières aux artistes et intellectuel.le.s malien.ne.s, burkinabé.e.s et nigérien.ne.s vient confirmer un durcissement des politiques dites de coopération marqué par la violence et l’absurdité. Elle va à rebours de nos positions affirmées et des discours officiels qui prônent de nouvelles collaborations avec l’Afrique, y compris sur le plan scientifique et qui plaident pour les restitutions. Nous sommes solidaires des différentes pétitions qui circulent depuis mi-septembre et des artistes, chercheur.se.s, professionnel.le.s de la culture ou du patrimoine africain.e.s qui se trouvent confronté.e.s aux conséquences de cette situation. Celles-ci renforcent notre projet d’un prochain numéro de Troubles dans les collections consacré aux asymétries qui structurent aujourd’hui les collaborations entre collègues européens et africain.e.s : la fermeture des frontières françaises ou de l’espace Schengen s’est intensifiée ces dernières années pour toute l’Afrique, les cas d’entraves ou de refus de visas ont été très nombreux (y compris à l’intérieur de notre comité de rédaction), toutefois les dissymétries que nous connaissons dépassent la question des titres de séjour, elles concernent aussi les possibilités de déplacements, les différences importantes de salaires, d’accès aux bourses, d’obtention de budgets, de possibilités d’agir. Quelles sont les conséquences de ce contexte pour la recherche et l’art ? Comment produire une revue qui vise l’horizontalité et la coproduction de savoirs ? Quelles sont les répercussions concrètes, sensibles, sur nos collègues et que produisent ces dissymétries sur nos collaborations, nos relations ? Dans ce numéro, nous chercherons à nommer ces contradictions, tout en donnant la voix à celles et ceux qui subissent ces processus brutaux de plein fouet.
La pétition d’Africultures « CONTRE LE BOYCOTT DES ARTISTES BURKINABÈ, MALIENS ET NIGÉRIENS » est ici.
La tribune « Arrêter la circulation des idées, des savoirs et des créations artistiques avec l’Afrique est un contresens historique » signée par 450 universitaires, chercheurs, acteurs culturels et artistes internationaux, publiée dans Le Monde le 20 septembre 2023 (dont le recueil des signatures se poursuit ici).
Les membres du comité éditorial de la revue,
Lotte Arndt, Julien Bondaz, Emmanuelle Chérel, Marian Nur Goni, Honoré Tchatchouang.
Le 26 septembre 2023